Mieux vaut être seul que mal accompagné.. Ou pas ? [L]

J'avais mal dormi. Je m'étais reveillée tôt, de surcroît levée du pied gauche. On peut dire que cette arène de malheur n'aura pas que des avantages dans ma vie future. Parce que oui, il y en aura une. Je compte bien avoir des cheveux blancs, et j'en aurai !

Je m'apprêtais à la salle d'entraînement après une heure passée dans ma chambre à mon étage. J'étais déjà venue à la salle, mais elle était vide, et je dois admettre que travailler toute seule ne m'enchantait pas. Une tribut était arrivée, tribut que j'avais tenté d'effrayer, histoire qu'elle me craigne un peu. Rien de bien méchant.

Après ce court échange avec la tribut, j'étais remontée dans ma chambre pour prendre une veste. Fait pas chaud, ici. Ils doivent pas connaître cette chose révolutionnaire appelée chauffage. Donc, revenant à ma chambre, j'ai croisé ma mentor, la bouche pleine de tarte. Qui me cherchait depuis une heure, allez savoir pourquoi !


-Song Aé, justement je.. Eh mais, tu ne devais pas être au centre d'entraînement ?

J'avais tiqué sur la phonétique qu'elle avait fait à mon prénom. Et la bouche pleine en plus ! C'était impressionant ce que cette meuf pouvait m'agaçer. A peine plus vieille que moi, de deux ou trois ans tout au plus, et déjà tellement peau de vache. Pauvres futurs gosses. Cette bonne femme habillée comme si elle avait peur de laisser filtrer une parcelle de peau, jamais maquillée, limite si elle découvrirait son visage.

-Ca se prononce è. Et j'y étais mais je suis revenue me maquiller et prendre une veste. Car je suis une fille, je fais des trucs de filles. Faire de même ne vous ferait pas de mal.

Mon ton avait été froid. Plus d'une fois j'avais songé à être gentille avec elle, mais d'une elle osait me parler avec la bouche pleine de tarte, de deux quand on est gentil on se fait bouffer, je l'ai appris à mes dépens. Je considérai longuement l'ancienne gagnante. Comment avait-elle fait pour gagner ?! Aucun charme, aucune intelligence, la peau sur les os ! Et on me colle ça comme mentor ? Quelle chance. Elle n'avait pas relevé ma remarque, et poursuivit.

-Tu as réfléchi à ce que tu voulais garder dans l'arène ?

Plus stupide comme question, tu meurs !

-Ma vie, avais-je simplement répondu. Bah quoi ? Question stupide, réponse stupide ! Eh ouais !

J'avais bien songé à mes cheveux avant qu'ils ne les coupent. A un poney si seulement ils autorisaient les animaux de compagnie. Maintenant que j'y pensais.. Mes lunettes de soleil. Elles n'aidaient en rien pour voir la nuit; en revanche elles pouvaient m'aider pour ne pas avoir mal aux yeux le jour.

Continuant à me parler, et moi répondant docilement "hmm" à chaque chose qu'elle disait (chose que je n'écoutais absolument pas d'ailleurs), elle m'entraîna au toît. De là, elle me lança:

-Bouge pas.

Ô demande pleine de charme et de poésie ! Qu'étais-je censée faire maintenant ? Maudire Tarte-Au-Flan (héhé) pour me faire attendre, et faire ainsi ma capricieuse (chose que je suis exactement en plus !) ? Ou faire genre ça ne me dérangeait pas plus que ça d'attendre comme une idiote, mhh ?

En attendant, je me mis à chantonner une petite chanson. Espérons que la pluie ne se joindra pas à nous. Héhé ! Des bruits de pas plus loin interrompent ma mélodie. Enfin je l'interromp parce que chanter ici doit pas être très bien vu.

-C'est qui ? je lance aux pieds qui se promènent bruyamment dans les escaliers menant au toît.

Après une nuit quelque peu agitée - cet euphémisme aurait sans doute arraché un large sourire à notre protagoniste - Tristan s'était levé tôt. La force de l'habitude sans doute... Quoi qu'il en fût, il n'avait pas réussi rester dans son lit plus longtemps. Aux premières lueurs de l'aube, il était sorti de sous ses douces et délicates couvertures et avait enfilé une tenue fabriquée dans une étoffe encore plus agréable au touché. Il s'était vaguement demandé quelle matière première pouvait être transformée en tissus aussi délicats et magnifiques, mais ne s'était pas attardé sur cette question, trop pressé d'aller déguster le merveilleux petit déjeuner qui l'attendait dans la salle à manger. Bien entendu cette salle était vide à une heure si matinale. Et pourtant, le repas était déjà prêt à être servi, comme si on attendait déjà plus que lui pour commencer les festivités.

Quand il quitta la table, il avait ingurgité autant de nourriture qu'il pouvait, se rendant pourtant compte que ce genre de plaisir lui était offert pour que sa mort n'en soit que plus lente, plus douloureuse et bien entendu plus distrayante pour les habitants du Capitol. En effet, quel aurait été l'intérêt de faire combattre dans l'arène des jeunes gens affamés et déjà presque morts d'inanition? Malgré cela, il n'avait pu s'empêcher d'apprécier ces merveilleuses victuailles aux gouts multiples et incommensurablement plus raffinés que celles dont il avait l'habitude.

Une fois revenu dans sa chambre, Tristan savait qu'il lui restait au moins une heure à patienter avant que les activités imposées de la journée ne débutent. Après avoir tourné en rond durant dix bonnes minutes, n'y tenant plus, il finit par décider d'aller prendre l'air. Il ne savait pas vraiment si le toit du bâtiment était un endroit autorisé aux tributs, mais il se doutait qu'il y aurait forcément quelqu'un pour lui indiquer qu'il violait une règle si cela s'avérait être le cas.

Il emprunta donc l'escalier qui menait tout en haut du bâtiment. Il gravit les marches à vive allure sans même se préoccuper de son souffle, et du évidemment ralentir avant d'arriver à destination, faute d'avoir eu une attitude plus modérée au départ. Apercevant une flaque de soleil sur les dernières marches de cet escalier, le jeune homme en déduit qu'il allait bientôt atteindre l'extérieur. Son cœur s'en réjouissait d'avance. Le soleil allait caresser sa peau, un air frais et parfumé allait emplir ses poumons, et toutes ces choses étaient des cadeaux qu'il devait saisir avant que sa vie n'arrive à son terme... C'est à dire dans très peu de temps. Il lui restait quelques jours sur cette terre, et il était bien décidé à en profiter pleinement.

Pourtant, quelque chose se passa qui fit fondre l'entrain de Tristan en moins d'une seconde. Une voix venait de lui parvenir depuis l'extérieur. Il était trop tard pour reculer, la jeune femme qui se trouvait dehors avait évidemment entendu les bruits de ses pas que le vide de l'escalier faisait raisonné démesurément – Il s'en rendait compte maintenant.

S'élançant vers une situation qui promettait d'être désagréable, notre protagoniste prit une dernière grande inspiration avant de déboucher sur le toit du bâtiment. Après l'obscurité des escaliers, le soleil l'aveugla un instant. Quand ses yeux se furent habitués à cette nouvelle clarté, il découvrit une Carrière en face de lui. Il s'agissait du tribut féminin du district un, enfin... si ses souvenirs ne le trompaient pas.

Son courage manqua de faiblir, mais il réalisa juste à temps qui l'ennemie qui se trouvait si près de lui ne lui ferait de mal qu'une fois dans l'arène, et qu'il n'avait pas encore à s'en préoccuper. Repoussant l'idée terrifiante que cette jeune fille au physique agréable allait se transformer en monstre assoiffé de sang d'ici peu, Tristan bafouilla une réponse à la question qui venait de lui être lancée.


-Tristan... Heu... District dix. Et toi, tu es la fille du Un? C'est bein ça?


Sa voix avait été un peu étouffée, mais on pouvait facilement attribuer cela au fait que Tristan venait à peine de sortir de l'escalier.

Attendant patiemment que le tribut daigne finir de monter, apparaître et me répondre, je m'étirai longuement. Je me sentais prête pour l'arène, cela va de soi. Mais j'avais un peu la dalle quand même. Depuis mon arrivée ici j'avais pas touché à la nourriture. Je pensais que les autres tributs prendraient cela pour un avertissement. Style, "je n'éprouve pas le besoin de me nourrir pendant plusieurs jours, et dans l'arène j'aurai de la bouffe à gogo !"

Les pas dans les escaliers se faisaient de plus en plus forts, signe que la personne (mon abrutie de mentor peut-être, allez savoir !) se rapprochait. Je me surpris en train de songer que dans quelques jours, le bruit d'un tribut serait beaucoup moins présent, et que dès que je l'entendrait il faudrait me camper sur mes jambes pour partir l'étriper. Mais on n'en est pas encore là.

Plus de bruits dans les escaliers. Tiens ? Le tribut a vraisemblablement émergé sur le toît alors. Et j'étais dos à lui. C'est bien ça, il verra ainsi que je ne le crains pas et que dans l'arène il en sera de même. Je pris quelques minutes pour me lever du banc qu'avait constitué le bord du toît, et pour me retourner vers lui.

La voix qui me parvint était celle d'un jeune homme. Ouf, pas de mentor ! Le tribut était encore dans l'obscurité sous la porte de la cage d'escaliers, et je ne pus le distinguer totalement, mais il me semble que ce n'était pas le seul tribut que je connaissais ici, alias le mec de mon district. Je me demandais vaguement si j'allais le croiser avant le début des Jeux.

Quand la silhouette émergea de l'ombre, je pus le voir totalement. Grand, brun, enfin en bref, plutôt pas mal côté physique. Même mignon je dirai. Restait à voir son mental ? Il me lança une rapide réponse. Pas trop tôt, d'ailleurs. A l'écouter, c'était un certain Tristan. J'arquai mon sourcil. Tristan Williams, district Dix. Qui me demanda en retour si j'étais bien la fille du Un.

Héhé, je marquais les esprits visiblement. Comment oublier une carrière, en même temps ? De surcroît, une carrière qui n'était pas trop mal physiquement. C'est pas pour m'envoyer des fleurs hein, mais je pense qu'il y a pire que moi. Y'a qu'à regarder ma mentor. J'acquiesçais à sa question.

-En personne. Song Ae. District Un.

J'avais dit cela avec un petit sourire. Non pas cruel, ni rien. Un sourire naturel. Tandis que j'observais Tristan, je me demandais si ce serait moi qui le tuerai, et si oui, comment. Finalement tuer avait quelque chose de grisant quand on ne connaissait pas les gens. Quand on leur avait parlé, cela pouvait s'avérer plus compliqué. Tant pis, je n'avais pas envie de le tuer de toute façon.

-Que fais-tu ici à cette heure ? Le centre ne tardera pas à ouvrir.

Peut-être qu'il séchait. Cette idée me fit frémir. Soit il était complètement idiot, soit il était provocateur et avait de bonnes capacités. Ce qui ferait de lui un bon allié. Hop hop hop. N'allons pas trop vite, peut-être est-ce uniquement moi qui me trompe sur l'heure. Mais autant lui demander.

-Tu sèches ?

Cette fois-ci, ma question s'accompagnait d'un sourire avec une lueur moins amicale, plus provocatrice. Ce genre de sourire qui fait dire la vérité aux gens, d'après mon expérience personnelle. Celui qui dissuade n'importe qui de mentir. Au moins je serai fixée.

Car il me fallait un allié. J'avais songé au mec de mon district. Mais deux vallent mieux qu'un. Peut-être m'approcherait-il de la victoire. Le regardant toujours, le même sourire aux lèvres, je guettai ses réponses.

Mal à l'aise, Tristan enfonça ses mains dans les poches de sa gabardine. Lorsque Miss Kim confirma son identité, le jeune homme fut parcouru d'un frisson qui le glaça jusqu'aux os. Il s'agissait bien d'une Carrière, il ne s'était pas trompé. Comment pouvait-on être volontaire pour participer à une horreur pareille? Il avait pu visionner les rediffusions des moissons de chaque district et se souvenait bien de celle du premier d'entre eux. Il avait été choqué de voir cette fille être volontaire pour devenir un monstre ou une victime, ou dans le pire des cas, les deux. Et elle se tenait là, devant lui, confiante, l'air à son aise...

Il entreprit de faire quelques pas dans la direction de cette jeune fille. Il aurait aimé la dévisager, étudier chacun de ses traits pour savoir ce que pouvait réellement penser ou ressentir un Carrière. Mais il n'osait pas. Il n'oserait pas, c'était certain. Mettre en colère une personne comme celle qui se trouvait ici même, tout près de lui – la faible distance qui les séparait encore avait quelque chose de dérangeant. Et le fait qu'il la réduise en marchant doucement vers elle l'était sans doute encore plus. - c'était comme se peindre une cible dans le dos. Tristan n'avait aucune envie de débuter l'arène avec une Carrière ayant une certaine envie de l'éliminer du jeu le plus vite possible.

Lorsque Song Ae se remit à parler, Tristan, encore une fois perdu dans ses pensées, sursauta légèrement. Il aurait tant aimé qu'elle ne soit pas affublée de cette paire de lunettes noires. Comment déterminer quoi que ce soit sur elle sans même pouvoir croiser son regard? Enfin... De toute façon, Tristan aurait été incapable de faire de judicieuses déductions quand à l'humeur ou aux sous-entendus que pouvaient contenir les mots prononcés par cette fille, même s'il avait pu voir ses yeux. Il n'avait jamais été bon dans ce domaine. Il n'avait jamais été bon en quoi que ce soit qui se rapporte de près ou de loin aux rapports humains, et il craignait que cette conversation ne déroge pas à la règle. Autant se lancer finalement. Puisqu'il allait faire une bourde à un moment ou à un autre quoi qu'il fasse, autant se laisser aller et ne pas trop réfléchir à ce qui pourrait franchir la barrière de ses lèvres.

Le jeune homme s'immobilisa à une dizaine de mètres de Song Ae. Il devait ressembler à quelqu'un gardant une distance de sécurité entre lui et une bête sauvage, mais il ne s'en rendit pas compte. Il avait toujours eu cette appréhension du contact humain et aurait conservé une même attitude devant n'importe quel individu, même s'il s'était agi de la plus adorable et inoffensive personne qui pût être. Il se mit ensuite à parler d'une voix douce et mesurée. Maintenant qu'il s'était résigné à se mettre à dos cette fille s'il devait commettre un impair durant cette conversation – ce qui, selon lui, arriverait forcément – il se sentait un peu plus à l'aise pour parler.


-J'avais juste envie de prendre un peu l'air avant de commencer cette journée. Et puis, il nous reste encore un peu de temps avant que le centre n'ouvre. Des minutes entières...


Son regard se fit vague, et il ajouta comme pour lui-même:


-Des minutes qui peuvent chacune paraître toute une vie si on prend la peine de les savourer.


Il cligna des yeux et se reprit presque immédiatement. Et voilà, il était en présence de quelqu'un et se comportait encore comme s'il avait été seul. Elle allait le trouver bizarre. C'est ce que tout le monde pensait de lui... Et ils avaient probablement raison.

Le jeune homme avança encore de quelques pas vers Song Ae comme si son dérapage verbal lui avait momentanément fait oublier l'importance de la distance de sécurité qu'il avait laissée entre eux. Il leva les yeux vers le visage de son interlocutrice et s'arrêta brusquement. Il venait de comprendre la signification du sourire que Miss Kim arborait. Il avait tout d'abord – et naïvement - cru qu'il s'agissait d'un sourire amical ou pour le moins non agressif, mais il avait du se méprendre, comme toujours. Il ressentait maintenant quelque chose de carnassier dans ce sourire qui lui parut plein de dominance. En même temps, comment avait-il pu imaginer autre chose? Une Carrière! Et du district Un en plus! Bien sûr qu'elle était en tout point supérieure au pauvre petit bouvier qu'il était lui... en tout cas en ce qui concernait les Hunger Games.

Un sourire triste apparu sur les lèvres de Tristan. Il semblait répondre à celui que lui adressait la jeune fille, lui envoyer un reflet pathétique de ce qu'elle pouvait représenter pour lui: Sa mort. Son imminente mort!

Le jeune homme retrouva une position plus naturelle, plus stable et ne fit plus mine d'approcher. Il se contenta de jeter un coup d'œil au paysage urbain qui s'étendait à perte de vue.


-Je ne sais pas à quoi peut ressembler ton district, mais le mien n'a aucune commune mesure avec le Capitol. Si j'ai de la chance, l'arène ressemblera peut-être un peu plus à chez moi.


Que pouvait-il dire d'autre à part de simples banalités? Bien sur, elle ne devait pas être dépourvue d'intelligence si elle pensait avoir une chance de remporter ces jeux. Tristan se demandait tout de même comment une personne réellement intelligente pouvait mettre sa vie en jeu dans un pari à un contre vingt-quatre... Mais après tout, il devait exister tant de formes différentes d'intelligence. Celle de cette demoiselle ne ressemblait simplement pas à la sienne. Voilà tout. L'intelligence de cette fille devait jouer en la défaveur de Tristan et il le savait. Elle avait bien du remarqué son manque d'assurance, sa faiblesse en fait...

Bien sur, il ne s'était pas rendu compte – faute d'expérience dans le domaine de la conversation frivole... ou même de la conversation tout court - que ce qu'il avait pris pour la réplique d'une conversation banale en dévoilait bien plus sur lui qu'elle n'aurait du. En effet, ce n'est qu'avec une personne intime qu'il aurait du aborder cette nostalgie de son district, et a fortiori, son envie de ne pas mourir ailleurs qu'au sein d'une nature majestueuse qui fut pour lui une douce et constante amie. Mais, par bonheur, ce second sous-entendue ne pouvait être compris que par une personne qui aurait connu sa personnalité, et non par une inconnue qui pouvait tout aussi bien voir cela comme l'espérance d'avoir un avantage dans l'arène.

Le garçon me regardait comme si j'étais un ours. Un petit rire m'échappa. Un ours de ma taille et de mon poids était un ours bien maigrichon. Il n'y avait qu'à me regarder: j'étais une carrière des plus frèles, contrairement à tous les autres, grands et bien bâtis. C'était une faiblesse, mais un avantage aussi. Celui d'être plus légère, rapide, et tout le toutim qui s'ensuit. Song Ae l'ourson. J'aime l'autodérision. Ca m'fait marrer. Enfin ça dépend quoi.

Tristan me regardait comme si j'étais une folle. Ce que j'étais sans doutes d'ailleurs ! Héhé. Ah ouais, ok. Il comprend pas comment on peut être volontaire. Moi-même je n'ai pas compris. C'est bête, je pourrai pas lui expliquer. Il s'approcha de moi. Je haussais un sourcil, dubitative, tandis qu'il baissait la tête. Mais il a quoi à la fin, celui-là !? Il me fout mal à l'aise.

C'est pas tout mais j'attends encore ma mentor là. Mon dieu quel timing. Une chose est sûre: ce n'est pas sa rapidité qui lui a fait gagner les Jeux ! Ou bien elle est partie se maquiller ? Héhé. Quand je parle, on exécute, même elle, elle l'a capté. Elle a peut-être gagné en jouant les sous-fifres malheureux et en finissant par lancer des tartes au flan par la gueule des adversaires.

Quand Tristan reprit la parole et me sortit de mes pensées, je sursautai. Des minutes entières ? Heu ouais, je le dirai à mon poney. Il (Tristan, pas le poney) poursuivit par un truc du genre plus ambigu tu meurs. Ah oui, jolie façon de dire qu'il a peu de temps à vivre. Un défaitiste, hm ? Ce que je comprends, honnêtement. Comment ne pas l'être ?

-On ne peut pas rivaliser avec le destin, ai-je simplement répondu.

Le tribut du Dix avança encore légèrement vers moi. Qu'est ce qu'il fout à la fin ? Ca me stresse en plus. Pauvre chérie. Eh ouais. Le garçon sourit, d'un sourire triste. Eh ben, pleure pas mon chou ! Même si sa réaction serait compréhensible après tout. J'avais pensé à ôter mes lunettes, y'en avait même pas besoin en fait, mais je déteste que l'on voie mes yeux. Parce qu'ils sont trop petits, trop bruns. Donc je les enlève pas. Les lunettes, pas les yeux.

-On m'a toujours dit...ne pars pas vaincu d'avance.

Pourquoi j'avais dit ça ? Pourquoi je me mettais à être gentille, moi ? Rappelez-moi de me foutre une claque quand je serai de nouveau seule. Le pire, c'est que je pensais ce que je venais de dire. Bon, il pourra penser que je dis ça pour avoir de meilleurs adversaires. Mais c'est faux. Je n'aime pas ces gens qui baissent les bras tout de suite.

Il se mit à déblatérer des banalités, des choses inutiles. Ne voyant d'autre sujet de discussion, je décidai de poursuivre sur sa lancée à propos du Capitole, des districts, de l'arène.

-Oh, le district Un ? C'est un endroit où les plus jeunes sont tirés au sort. Et y'a pas trente six solutions pour les sauver...

J'avais haussé les épaules en déclarant cela. Julaney avait treize ans quand j'ai pris sa place. Etait-ce par jalousie, par pitié ? Par peur ? Je n'en sais rien moi-même. Je me foutais de ce qu'il aurait pu arriver à cette gosse. J'avais totalement perdu confiance en les humains. Mais on a tous le droit de vivre. Que ce soit Julaney qui les tuent ou moi, il y aurait des morts quand même. Alors autant que la gamine survive.

Le district Un, c'était pas un endroit paradisiaque. Pour personne. Parce que les gens ne se rendent pas compte de ce qu'ils font en se présentant comme volontaire. Pourtant je l'avais fait... Pourquoi, au juste ? Je l'avais fait pour la gamine. Je pensais qu'à treize ans on ne peut pas mourir. A seize non plus. Pas plus qu'à dix huit. Pourquoi le Capitole nous dirigeait-il ainsi, tuant nos proches, nous tuant nous-même ? N'ont-ils pas compris que plus ils feront mal, plus il y aura de gens pour riposter ?

Je passais une main dans mes cheveux. Décidemment, les humains m'épateront toujours. Ma plus grande honte se résume d'ailleurs à en faire partie. Comment peut-on envoyer mourir un gosse ? Pire encore, comment peut-on le tuer.. En venant ici, je m'étais jurée de ne pas tuer d'enfants. Je tuerai. Mais pas d'enfants.

Mon dieu, voilà que je deviens sentimentale ! Argh. Vite, une hache. Je fis une grimace, et j'espérais que Tristan ne l'aurait pas remarquée. Pour détourner le sujet, et histoire de causer, je lance:

-Et...ton district ? Il est comment ?

Après tout, le Un me manquait. Et là, une pensée totalement absurde me vint à l'esprit. Si je voulais le retrouver, il me fallait retrouver Silence. Demain, peut-être. On verra bien. Mon regard se posa de nouveau sur le jeune homme à quelques mètres de moi. J'avançais vers lui, et je dis plus bas:

-Evite d'injurier le Capitole ou je sais pas quoi, on est filmés. Juste pour te prévenir.

Bah quoi ? Une envie pourrait lui venir de pester contre les malheureux (ou pas !) habitants de ce lieu.

Rivaliser avec le destin? Ce serait sympa comme idée. Mais Tristan savait bien qu'il faudrait avoir le cœur d'un lion pour tenter un exploit pareil. Ce n'était pas lui, petit rien du tout venant d'un district pauvre, qui aurait jamais ce courage. Peut-être fallait-il mieux qu'il accepte son incapacité à rivaliser avec le destin... Même cette carrière semblait s'être soumise à cette idée.

Bien sur, ce qu'elle ajouta ensuite était le démenti parfait des conclusions auxquelles le jeune homme venait d'arriver. En effet, comment ne pas partir vaincu d'avance si seul le destin maitrisait notre avenir? Une chance sur 24... autant dire presque qu'aucune chance! Le destin, ou plutôt les probabilités, ne jouaient en la faveur d'aucun des tributs. Évidemment, l'un d'eux resterait en vie. Un seul. Le destin? Peut-être. Ou plutôt la chance. Ou même un simple accident de la vie. Et qui pourrait bien vouloir d'une vie de mentor de toute façon. Voir chaque année mourir deux pauvres âmes qui vous auront été confiées. Regarder ces petits visages défiler et disparaître devant vous à rythme si effréné. Non merci! Encore mieux mourir dans l'arène comme un homme libre que vivre, mais enchainer à un système décadent et meurtrier.

Tristan en était à ce point de ses réflexions lorsqu'il se força à se reprendre. Ce n'était ni l'endroit, ni le moment de ressasser des idées aussi noires et lugubres. Tout en jetant un coup d'œil au paysage urbain qui s'étendait au pied de la tour, il reprit la parole.


-Je ne sais pas à quoi peut ressembler ton district, mais le mien n'a aucune commune mesure avec le Capitol. Si j'ai de la chance, l'arène ressemblera peut-être un peu plus à chez moi.


Son interlocutrice sembla saisir l'occasion d'avoir une conversation banale avec Tristan.


-Oh, le district Un ?


Notre protagoniste s'attendait à ce que Song Ae lui décrive son district, mais il faisait erreur sur toute la ligne. Elle enchaina par une dure critique - à peine voilée - des moissons qui y avaient lieu, et dévoila dans la foulée la raison de son volontariat dans un jeu si terrifiant. Tout en prononçant de telles paroles, la jeune fille avait haussé les épaules, comme si tout cela n'avait pas d'importance. Mais ça en avait! Aux yeux de Tristan tout de moins.

Une foule d'idées se bouscula alors dans la tête de ce dernier. Comment se faisait-il que cette fille ai été obligée de se porter volontaire pour sauver une enfant? Il y avait toujours tant de volontaires dans les districts Un, Deux et Quatre, qu'ils étaient obligés d'organiser un second tirage au sort pour déterminer lesquels de tous ces volontaires seraient finalement les tributs envoyés aux Hunger Games. Ou bien était-ce une fausse information relayée par le Capitol? Ou bien était-elle tombée dans une année manquant de volontaires? Tout ça n'avait aucun sens! Peut-être mentait-elle? Si seulement il avait pu voir ses yeux! Mais elle avait l'air tellement à son aise, passant tranquillement la main dans sa chevelure de gaie. Elle ne pouvait tout de même pas le prendre pour un idiot avec un tel aplomb! Et cette grimace qui venait de passer furtivement sur son visage. Que pouvait-elle bien signifier?

Tristan n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps à cela, son interlocutrice lui posant déjà une question. Elle continuait simplement à alimenter la conversation, comme si de rien n'était, et cela déstabilisait encore plus le jeune homme.

Mais lorsqu'elle s'approcha de lui, il eut toutes les peines du monde à réprimer le mouvement de recul que son instinct lui intimait d'effectuer. Pourtant, les mots qu'elle prononça le figère immédiatement sur place. Elle le mettait en garde. Ce n'était pas l'attitude « normale » d'une Carrière « normale ». En tout cas, ça ne collait pas avec l'image qu'il se faisait d'un Carrière.

Bien sûr qu'il se doutait que cette tour était l'endroit le plus risqué au monde pour laisser échapper des paroles déplacées à propos du pouvoir en place. Et puis, de toute façon, il ne s'était jamais laissé aller à de telles divagations. Il n'aimait pas les ennuis et faisait toujours tout pour les éviter. – Ses efforts avait moyennement fonctionné vu l'endroit où il se trouvait actuellement... Mais bon -

Finalement, il se résigna. Il ne comprenait décidément rien au genre humain, voilà tout. Cette fille ne dérogeait pas à la règle, et bien qu'il ai eu l'impression furtive de l'avoir comprise, il s'était fait des idées.

Il se contenta donc d'acquiescer d'un mouvement de tête pour dire qu'il avait bien compris l'avertissement. Il y ajouta un sourire, comme pour remercier la jeune fille d'avoir pris la peine de le mettre en garde, et se mit à répondre à la question qu'elle venait de lui poser comme si de rien n'était. En effet, s'ils étaient vraiment observés, autant ne pas éveiller les soupçons.


-Mon district... Il y a beaucoup de verdure. Un vrai paradis où la nature est présente partout. Mais je suppose que tu t'en doutais. Pour élever des vaches, il faut des pâtures en quantité.


Un léger soupir s'échappa des lèvres du jeune homme. Une question lui brulait les lèvres, mais la posée était risqué. Et puis, Song Ae était si près de lui à présent... Cela le mettait assez mal à l'aise. Finalement, il décida de se jeter à l'eau. Tant pis pour les conséquences.


-Mais tu étais la seule volontaire de tout ton district lors de cette moisson?


La curiosité, mais aussi la fébrilité, devait avoir transpiré de chacune de ses paroles. Mais il lui avait été impossible, comme souvent, de masquer ses émotions pour donner un ton anodin a sa question.

La réaction qu'eut le jeune homme quand j'avais prononcé ces paroles pleines d'armertume envers mon district m'avait fort étonnée. Il avait eu l'air surpris. Comme si prendre la place d'une gamine était tellement surprenant.

-Ne fais pas cette tête. Personne n'aurait pris le risque de me contrarier, lançais-je avec un sourire narquois.

Tout le monde me craignait tellement. Avant, c'était l'inverse, j'étais leur tête-de-turc, maintenant je suis un peu un démon sur terre pour eux. Et je n'éprouve pas du tout le besoin de les détromper. Parce qu'ils ont pas tort, en fait. Le fait d'avoir été traitée de la sorte m'avait endurcie, m'avait fait les détester. Qu'ils s'en prennent à eux-mêmes !

La petite phrase devait avoir eue son effet. Personne n'aurait pris le risque de me contrarier. J'espérais que le message serait assez clair.

Le Dix me regardait avec insistance alors que ma main passait paresseusement dans mes cheveux. Je n'étais toujours pas habituée à leur longueur et à leur noirceur. Moi qui étais censée être blonde aux cheveux longs ! Tu parles d'un changement ! Et une raison de plus pour détester ma mentor.

Il hocha imperceptiblement la tête quant à mon avertissement. Ce hochement fut accompagné d'un sourire. Puis il répondit à ma question sur son district.

-Bien sûr. Le district de l'élevage. Et...il te manque ?

Cette dernière question, si elle m'avait été posée, j'aurai sans doute éclaté de rire. Comment cette prison pouvait-elle me manquer ? On y vivait bien, on n'était pas les plus à plaindre, mais c'est le fait qu'on soit enchaînés de la sorte qui me révoltait.

Le garçon semblait différent des autres. Dans le sens où il semblait aussi à l'aise que moi dans ses relations vis-à-vis des humains. Pour ma part, cela venait d'une haine profonde due à mon vécu. Et pour lui ?

-Finalement, on a un point commun, toi et moi, dis-je avec un sourire attristé.

Ce mec-là, s'il avait un allié, cela relèverait du miracle. Il masquait tellement mal ses émotions, il avait l'air tellement renfermé, replié sur lui-même. Une certaine faiblesse, en effet. Contrairement à moi, qui, après avoir été persécutée, m'étais relevée pour écraser mes bourreaux. Lui, c'était pas le genre de mec à dire si ça lui allait ou pas. Il suivait. C'était bien, en fait.

Lorsqu'il me posa LA question qui tue, je me rappelais le regard que la foule me jetait. Et je ne leur avait accordé aucune importance à ce moment-là. Pourtant ils se sont tus, s'imaginant que je les torturerait s'ils osaient être parmi les volontaires.

En fait, rien ne m'aurait fait plus plaisir qu'un autre volontaire. Mais en somme, partir de ma prison, changer de décor, voir des gens qui ne m'avaient jamais fait de mal, me faisait du bien.

-Disons que...Disons qu'ils n'ont pas osé.

A cette pensée, au souvenir du mal qu'ils m'avaient tous fait, une larme roula sur ma joue. Je l'essuyai comme si de rien n'était. J'aurai très bien pu les tuer un par un, leur faire regretter. A tous. Mais mon heure arrivera, l'heure où ce sera ma vengeance. J'y comptais.

Une question, toute naturelle, me vint d'un coup:

-A quoi excelles-tu ? Je veux dire, en armes ?

Je regrettai de suite mes paroles. Il se méfierait. Penserait que j'ai besoin de savoir pour les autres carrières. Mais non. Je ne comptais pas le tuer.

HJ: J'ai eu un mal de chien à faire cette réponse. Il y a des moments où tu es intervenu dans des parties de la conversation tellement antérieures que c'était presque impossible de faire répondre mon perso sans bousiller toute la chronologie. Il va falloir qu'on fasse gaffe à pas trop se mélanger les crayons.^^



-Oh, le district Un ? C'est un endroit où les plus jeunes sont tirés au sort. Et y'a pas trente-six solutions pour les sauver...


La réaction de Tristan avait dû se lire sur son visage, car son interlocutrice n'avait pu s'empêcher de l'invectiver.


-Ne fais pas cette tête. Personne n'aurait pris le risque de me contrarier.


Le jeune homme ne comprit pas cette phrase. Quel rapport pouvait-elle avoir avec leur conversation? Quel rapport y avait il entre le fait qu'elle ai du se porter volontaire pour sauver une fille plus jeune qu'elle avec le fait que quelqu'un puisse la contrarier???

Mais il n'eut pas le temps de réfléchir au sens de cette remarque, son interlocutrice lui posant déjà une question.


-Et...ton district ? Il est comment ?


Le tribut du Dixième district répondit à la question de son interlocutrice sur le ton de la conversation.


-Mon district... Il y a beaucoup de verdure. Un vrai paradis où la nature est présente partout. Mais je suppose que tu t'en doutais. Pour élever des vaches, il faut des pâtures en quantité.


-Bien sûr. Le district de l'élevage. Et...il te manque ?


Quelque chose était passé dans les yeux de Song Ae lorsqu'elle avait demandé cela. Une ombre... ou peut être plutôt l'ombre d'un sourire?

Effectivement, son district manquait cruellement à Tristan. Mais pas la terre, non. Sa famille lui manquait, sa liberté lui manquait, même son troupeau lui manquait. Mais comment avouer cela sans paraître faible?


-Je crois que j'y serais plus à mon aise qu'ici, plus dans mes marques. Mais la vie m'a amenée ici, alors autant vivre l'instant présent plutôt que se pencher sur une nostalgie contre laquelle on n'a aucun pouvoir.


Sa réponse n'était pas un mensonge, mais plutôt une demie-vérité. Il ne s'était jamais vraiment confié à quiconque, et ce n'est certainement pas aujourd'hui, dans une telle ambiance, qu'il allait commencer. Ses pensées, lui appartenaient. Désormais, c'était même la seule chose qui lui appartenait. C'est pour cette raison qu'il ne les livreraient pas sans combattre.

Tristan avait cru reprendre la maitrise de la conversation, mais, tout à coup, et sans qu'il n'en voie les signes précurseurs, la jeune fille lui asséna à nouveau une réplique qui n'avait pas le moindre sens. En tout cas, pas dans la conversation actuelle.


-Finalement, on a un point commun, toi et moi.


Le jeune homme se laissait toujours surprendre par ce genre de phrase qu'il avait l'impression de voir sortir de nulle part. À quoi faisait-elle référence? Au fait que, comme lui, elle ne s'appesantissait pas sur un sentiment de nostalgie contre lequel on ne pouvait rien? Et ce sourire triste, que pouvait-il bien signifier ?

Pourtant, ce n'était pas vraiment le sujet sur lequel notre protagoniste aurait eu le plus envie d'avoir des explications. En effet, qu'il n'y ai eu aucun volontaire féminin dans un district comme le district Un lui semblait impensable. Il se risqua donc à poser la question fatidique.


-Mais tu étais la seule volontaire de tout ton district lors de cette moisson?


Après un petit temps de réflexion, elle assena à Tristan une réponse des plus évasive.


-Disons que...Disons qu'ils n'ont pas osé.


Une réponse évasive, oui... mais également totalement incompréhensible. Mais en y réfléchissant, cela ressemblait beaucoup à ce qu'elle lui avait dit un peu plus tôt après qu'elle lui ait appris que son district était un endroit où les plus jeunes sont tirés au sort et où il n'y avait pas trente-six solutions pour les sauver: « Ne fais pas cette tête. Personne n'aurait pris le risque de me contrarier. »

Tristan ne voyait toujours pas en quoi cela aurait pu empêcher les autres Carrières potentielles de tenter leur chance. Et puis qu'aurait-elle pu faire à celle qui aurait été envoyée aux Hunger Games à sa place puisque celle-ci serait partie rapidement pour le Capitol et n'aurait eu qu'une faible chance de revenir. Et même dans ce cas, elle serait revenue en vainqueur des jeux. Elle aurait donc été intouchable!

Non, franchement cela n'avait aucun sens. Peut être avait-elle tout simplement été tirée au sort et voulait se rende plus noble qu'elle n'était en prétendant qu'elle s'était sacrifiée pour sauver une enfant. Les gens mentaient sans cesse, et pour toute sorte de raisons, et Tristan avait toujours été incapable de démêler le vrai du faux.

Mais cette éventualité n'avait également aucun sens... Une Carrière potentielle, et même plusieurs, se serait forcément portée volontaire à sa place. Finalement, peut-être s'était-elle porté volontaire de façon normale, comme tous les Carrières le faisaient toujours, et essayait-elle de l'amadouer en se faisant passer pour une héroïne.

Ce comportement semblait étrange pour une Carrière. Ils étaient tous tellement arrogants d'ordinaire. Mais celle-ci était différente, c'était évident. La preuve, elle se permettait de laisser voir une larme, une preuve de faiblesse, à l'un de ses futurs adversaires.

Et puis pourquoi cette larme? Non, décidément il ne comprenait définitivement rien au genre humain!

Finalement, Miss Kim reprit la parole pour encore une fois déstabiliser Tristan.


-À quoi excelles-tu ? Je veux dire, en armes ?


Voilà une question qui était digne de la plus banale des Carrières. Quelle étrange conversation! Elle soufflait le chaud et le froid, ou bien devenait-il complètement fou?

Méfiant, le jeune homme esquiva la question.


-Je crois bien que l'esprit primera toujours sur la maitrise d'une arme, quelle qu'elle soit. Tu ne penses pas?


L'air interrogateur, il attendait impatiemment la réponse de son interlocutrice. Allait-il enfin parvenir à la comprendre ou resterait-elle un mystère, un de ces multiples points d'interrogation qui remplissait la vie de Tristan.

[HJ: désolée. Je m'emmêle un peu, et j'ai pas le temps de trop me relire ^^ J'essaierai de faire mieux cette fois.]

Le garçon n'avait pas l'air de me saisir. Je plissai les yeux, fronçai les sourcils. Avais-je donc l'air de rire ? Il est vrai que venant d'une carrière (et en plus, sachant que cette dernière ment très bien), ce pouvait paraître étrange. Mais quand même.

Il voulait vraiment que je déballe tout ? Alors j'allais tout déballer. A une future victime d'un autre tribut, quelle importance ? Mais fallait-il vraiment que la première et dernière personne qui connaitrait les raisons de ma distance et ma froideur avec les autres soit un futur macchabée ?

-Ils savaient tous que s'ils prenaient ma place, je la reprendrai. De gré ou de force. Et puis...mieux vaut mourir ici qu'en taule, non ?

A la pensée des carrières effrayées à l'idée que je puisse les tuer pour avoir pris ma place, j'échappai un rire. Non mais, ils m'avaient bien vue ? Moi, la petite maigrichonne ? Sans arme dans les mains, je ne pouvais strictement rien faire physiquement. Et moralement ? Etait-ce le point qui les inquiétaient tant ? Le fait que je puisse les détruire, les abbattre moralement ? Héhé.

La phrase que j'avais sortie m'avait fait une sensation étrange. J'avais dit la vérité. Il n"y avait que moi qui pouvait sortir de cette prison qu'était mon district où l'on m'avait frappée à maintes reprises. Pourquoi moi ? Les autres n'avaient pas subi ce que j'avais du endurer. Voilà tout. Enfin de compte, mourir dans l'arène serait effectivement mieux. Mais avant de mourir, je veux ma vengeance. Sur tout le district Un.

Cela me fit penser que ça pourrait commencer par le tribut de mon district. Ouais, faudra voir. En attendant, j'avais un meilleur plan. La question concernant ses compétences posée un peu plus tôt avait l'air de l'avoir encore plus déstabilisé. Je devais passer de la faible à la stratège meurtrière, dans son esprit. Mais qu'importe, mon côté stratège primait.

Il éluda ma question pour y répondre:

-Je crois bien que l'esprit primera toujours sur la maitrise d'une arme, quelle qu'elle soit. Tu ne penses pas?

C'était à son tour de me destabiliser. Non mais sérieusement, ce mec comptait donc remporter en faisant preuve de bel esprit ? S'il croyait que les tributs n'étaient armés que de belles répliques fallait le dire tout de suite, j'aurai pas perdu mon temps !

-Dans ton district sans doutes, lâchais-je. Mais tu n'es plus dans ton district, et les combats ici ne sont pas des joutes verbales.

Puis...en fait, c'était ce que je pensais depuis tout à l'heure. Il se méfiait. Il fallait donc le détromper, si tenté qu'il puisse me croire.

-Je ne compte pas vendre des infos sur toi aux carrières. Même sans ça ils te tueraient sans problèmes, dis-je froidement. Non, j'ai bien mieux à te proposer qu'une mort rapide et douloureuse.

Un léger sourire apparut sur mes lèvres. S'il acceptait de s'allier à moi, et à un carrière si tenté qu'on en trouve un assez bien pour accepter de trahir les autres, on arriverait très facilement dans le top Huit voire bien au dessus.

Il m'avait l'air intelligent. Et ma foi, un intello, une stratège et un carrière fort, ça devrait nous mener à la victoire. Restait à voir s'il acceptait. Et quel genre d'idiot pourrait refuser l'invitation d'un carrière à se joindre à lui ? Un suicidaire. Ce qu'il n'était sans doutes pas.